« Les champs d’exploitation sont immenses »

« Les champs d’exploitation sont immenses »

La Blockchain inonde nos flux d’actualités depuis quelques mois et pourtant de nombreuses questions sur son fonctionnement et son utilité subsistent. Selon Noël Rimbert, certifié sur la technologie, la Blockchain pourrait remplacer à terme la plupart des «tiers de confiance». Interview.

Novencia : La blockchain est le sujet du moment, pourriez-vous nous donner une définition concrète de cette technologie ?

Noël Rimbert : La Blockchain est une technologie de stockage et de transmissions d’informations. Elle est transparente, sécurisée et fonctionne sans organe central de contrôle. La première Blockchain est apparue en 2008 avec la monnaie numérique bitcoin. Par extension, une Blockchain est une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses participants depuis sa création. Il existe des Blockchains privées et des Blockchains publiques. Le mathématicien Jean-Paul Delahaye l’assimile à un grand livre comptable public, pseudo-anonyme et infalsifiable. « C’est un très grand cahier, que tout le monde peut lire librement et gratuitement sur lequel tout le monde peut écrire, mais qui est impossible à effacer et indestructible »

Novencia : La blockchain est annoncée comme une révolution au même titre que l’imprimerie ou internet, quel est votre sentiment ?

Noël Rimbert : Je suis assez partagé sur le sujet. Si révolution il y a, elle aura plutôt lieu dans les pays en développement. Car les champs d’exploitation de la Blockchain sont immenses. Elle pourrait remplacer à terme la plupart des «tiers de confiance», notamment dans les métiers de la banque, des notaires, et du cadastre, par des systèmes de registres décentralisés. Par exemple, la Blockchain permettra à des personnes non bancarisées, c’est-à-dire n’ayant pas accès aux services bancaires, d’effectuer des versements de pair à pair sans avoir obligatoirement une banque pour intermédiaire. Aujourd’hui, l’enjeu est colossal car seulement 2,5 milliards d’humains sur les 7 milliards que compte la planète ont accès au système bancaire.

Novencia : Le secteur bancaire a été le premier à s’intéresser à la blockchain (suivi de l’assurance). De ce fait, peut-on dire que la Blockchain est le futur de la finance ?

Noël Rimbert : La grande question qui s’est posée dans le monde de la finance c’est comment profiter des bénéfices de la Blockchain sans avoir le contrôle sur la technologie puisque par essence elle est décentralisée. Pour résoudre l’équation, le secteur bancaire a créé des consortiums, des systèmes fermés ou semi-fermés afin de conserver son autorité tout en tirant profit des bénéfices de la Blockchain. Aujourd’hui, cette technologie peut permettre aux financiers de garantir l’intégrité des informations transmises dans un contexte dépourvu d’intermédiaires.

Novencia : En dehors de la finance, la Blockchain a-t-elle des applications dans d’autres domaines ? Lesquels ?

Noël Rimbert : L’application la plus intéressante pour le moment est celle des transactions bancaires mais les domaines d’applications de la Blockchain sont très variés.

Au Ghana, par exemple, un système de cadastre a été créé pour enregistrer tous les systèmes d’échanges et de ventes des biens.

On l’utilise aussi dans l’IoT. Pour les diamants par exemple. Comme tout le monde le sait le marché des diamants est assez sulfureux, on a besoin de connaitre le parcours de chaque diamant de son extraction à sa commercialisation, donc de pouvoir le tracer. Dans le cadre de la blockchain Everledger, chaque transaction diamantaire qui est inscrite de façon permanente dans la blockchain référence un diamant par un code et permet de lutter de fait  contre la fraude.

Un autre cas très concret est celui de l’assurance. Ma ville est inondée, l’application identifie ma ville comme sinistrée. L’expert vient effectuer son rapport à mon domicile et le renseigne dans la Blockchain avec les données précises de mon habitation (niveau d’eau, dommages, etc..). Des programmes informatiques (smart contracts) s’exécutants sur la blockchain identifient le niveau des dommages. Si les données fournies sont exactes, des processus de dédommagements automatisés sont déclenchés. Il n’y a plus de tiers qui vérifie et traite les informations fournies, il n’y a donc plus d’intermédiaires.

Autre exemple parlant est celui de l’assurance dite indicielle ou paramétrique. Blockchain France vous expose ces cas d’usages.

On peut également lire le cas de l’équipe du hackaton Blockchain de la Fintech à Londres qui a construit en un week-end un programme d’assurance de voyage sur la plateforme Ethereum.

Novencia : A moyen terme, cette technologie peut-elle transformer notre quotidien ?

Noël Rimbert : Pour le commun des mortels à court terme, la technologie ne va pas entraîner de bouleversements majeurs. Les premiers concernés sont les professionnels IT et Metiers de la finance, banque et assurance. Actuellement, le véritable apport de la technologie consiste à générer la confiance et la sécurité nécessaires pour automatiser les phases déclaratives sans avoir recours à un tiers.

Novencia : Le bitcoin, une cryptomonnaie est apparue en même temps que la Blockchain, en quoi sont-ils indissociables ?

Noël Rimbert : Créée en 2008 par Satoshi Nakamoto [Consulter son livre blanc], la blockchain est la technologie sous-jacente à la crypto-monnaie bitcoin, c’est le registre de toutes les transactions ayant jamais eu lieu et bien plus encore puisque ce modèle a inspiré le développement de nouvelles applications, de nouvelles Blockchain.

De fait, ils sont indissociables.

Fondamentalement tout le monde, ou presque, peut créer sa propre Blockchain avec son propre système. La vraie plus-value du Bitcoin la confiance et l’apport innovant des participants et de la communauté qui la composent. C’est ce qui lui donne sa valeur.

Novencia : Aujourd’hui est-ce une nécessité d’être formé sur la blockchain pour un développeur ?

Noël Rimbert : Comme pour le Big Data, nous avons anticipé les besoins du marché. Toutefois, dès à présent, les développeurs de logiciels doivent se former. Il est important de se former maintenant, pour mieux comprendre les enjeux futurs et s’avoir s’adapter et créer les modèles de demain.

Novencia : Vous êtes certifié sur la technologie depuis peu, quels sont les avantages d’une telle certification ?

Noël Rimbert : La certification fonctionnelle que j’ai passée, «Certified Bitcoin Professional», a été créée par une organisation composée de précurseurs, d’innovateurs et de professionnels de la technologie. Au-delà, de l’enrichissement personnel, les certifications permettent de rassurer nos futurs clients. Les certifications sont garantes de notre expertise sur le marché.

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