SoftSkills

Lucie : « Aujourd’hui, c’est vraiment le collectif qui est valorisé »

Lucie : « Aujourd’hui, c’est vraiment le collectif qui est valorisé »

Courtisés pour leur très haut niveau de savoir-faire, les profils IT doivent désormais faire preuve aussi de qualités personnelles fortes. Un équilibre subtil qui redessine les contours de leur rôle au sein de l’organisation.  Pour Lucie, HrX Specialist, « les développeurs sont très sensibles aux soft skills et se documentent assidûment sur le sujet. ».

 

Il y a 10 ans environ un développeur était perçu comme une personne concentrant de fortes compétences techniques, travaillant plutôt de façon isolée au sein de l’entreprise. Aujourd’hui un profil technique ne doit plus seulement savoir-faire mais savoir-être également. Comment expliquez-vous cette évolution ?

La perception de l’individu et de son rôle au sein de l’organisation a évolué. Aujourd’hui, parce qu’enfin les directions se sont rendues compte qu’on était plus fort à plusieurs, l’intelligence collective devient la règle.
À l’heure où on demande aux équipes de l’Agilité, le travail collaboratif permet d’aller plus vite et surtout plus loin. La connaissance partagée est une richesse. Il est donc nécessaire d’apprendre à collaborer avec les autres membres de l’organisation.

Ce qui nécessite d’ajouter à de fortes expertises techniques, des compétences de savoir-être telles que la diplomatie, l’ouverture d’esprit, le respect de l’autre et de ses idées, et une grande capacité d’adaptation à d’autres manières de travailler.

Il y a quelques temps, j’ai participé à un Meet-up Software Craftmen chez NOVENCIA dont le sujet était les Soft Skills justement. Les développeurs y sont très sensibles et se documentent assidûment sur le sujet.

Il est vrai qu’un trait de personnalité assez récurrent chez un Ingénieur en développement est le goût pour la recherche de solutions à un problème donné. Ils en ont donc fait de même avec les problématiques de relations interpersonnelles et de communication.

Beaucoup conseillaient la lecture du livre de Marshall B. Rosenberg : « Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) ».
Je trouve cette démarche intéressante, elle démontre vraiment l’envie d’apprendre et de comprendre.

 

Désormais, « le travail d’équipe » arrive en seconde position après « la résolution de problèmes » dans les compétences demandées par les directions techniques. On appelle ça des « compétences douces ». C’est quoi au juste des compétences douces ?

c’est drôle comme nom les compétences douces non ? C’est beau aussi. Les compétences douces ne vont concerner que le savoir être, les qualités relationnelles comme le fait d’avoir de l’intelligence relationnelle ou émotionnelle, de la diplomatie, de l’empathie, de l’humilité, être capable de se remettre en question, de savoir présenter un projet aussi, d’évangéliser, de donner envie, de motiver, fédérer, être à l’écoute, créatif…

On préfère bien entendu travailler avec des personnes qui rassemblent toutes ces qualités. Lorsque je recrute une personne je me demande toujours : est-ce que je pourrais collaborer quotidiennement avec cette personne ? Dans une phase de recrutement, cette question et donc la réponse sont primordiales.

 

Qu’est-ce que cela change dans le processus de recrutement, et au sourcing des candidats ?

On a beau être le meilleur développeur du monde, si on est exécrable avec les autres, incapable de partager ses compétences avec son équipe… Et bien on n’ira pas bien loin aujourd’hui.
C’est vraiment le collectif qui est valorisé. Il y a tellement de choses à connaître et à découvrir pour mener à bien un projet. Il est difficile d’y arriver tout seul. Je pense que c’est même utopique. Puis c’est tellement plus agréable de partager.

Il faut donc être très observateur en entretien. Une personne hautaine est selon moi, le pire cas de figure en entretien. Nous allons vraiment préférer les personnes ouvertes qui ont envie d’apprendre même si elles doivent se renforcer sur certaine compétences dures.
Je pense qu’il faut mettre le candidat en confiance lors de l’entretien pour qu’il soit vraiment lui-même et qu’on le découvre dans son entièreté. Le présenter à différents collaborateurs du cabinet permet également d’avoir un nouveau point de vue. Et ainsi savoir très vite si ça peut matcher avec différents types de personnes.

En phase de sourcing, je pense qu’il est difficile de se rendre compte de tout ça et je n’ai pas envie de tirer des conclusions hâtives à la simple vue d’un CV ou avoir des a priori… Ce serait dommage. Par contre, c’est toujours un plus si la personne a un Github actif.

 

Qu’est-ce que cela change pour un candidat ?

Il faut savoir mettre en avant autre chose que les compétences « dures ». Il faut donc préparer son entretien pour montrer que l’on se connait bien soi-même et qu’on a conscience de ses axes d’amélioration et de ses forces.

Tout en restant très naturel bien entendu. C’est également toujours un bon signal de montrer que l’on prend des notes, cela démontre l’intérêt, l’écoute et c’est un peu plus professionnel.
Si, lors de l’entretien, un développeur doit résoudre cas pratique, et s’il n’y arrive pas, il vaut mieux qu’il se montre bon communicant, flexible, force de propositions le tout enveloppé dans une attitude positive.

En entretien, il n’est vraiment pas recommandé de jouer un rôle, où encore aller à l’encontre de sa personnalité pour « coller » à tout prix, car selon moi, cela revient à s’engager vers un chemin qui ne nous correspond pas et par la suite il est difficile de faire marche arrière. D’autant, qu’il est quasiment impossible de faire « semblant » indéfiniment.

Donc pour résumer, il faut être soi-même et si vous êtes de nature très ouverte, adaptable et diplomate n’hésitez pas à le mettre en avant. Pour les autres, il faut très vite travailler sur ces compétences douces.

 

Que recherchent aujourd’hui les organisations ?

Je vais répondre de mon point de vue bien entendu, c’est-à-dire de à partir de l’opinion que je me suis forgée au gré de mes expériences et de la littérature que j’ai pu lire sur le sujet.
Je pense que les organisations d’aujourd’hui recherchent des personnes adaptables, capables de gérer l’incertitude et le changement et qui par conséquent sont capables de se remettre en question et de s’ouvrir au monde, sans jugement. C’est avec ce de genres de personnalités que l’on va pouvoir innover.

Propos recueillis par Dominique Cozzi, Journaliste

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