Transition énergétique & secteur numérique : Une convergence inévitable

Transition énergétique & secteur numérique : Une convergence inévitable

L’évolution de la digitalisation de nos modes de consommation a été accélérée par la crise du covid 19. Le numérique en général, la data particulièrement prennent une place de plus en plus importante au sein des entreprises et dans nos vies.

Dans le même temps, la transition énergétique est devenue une des principales préoccupations tant des consommateurs, que des entreprises ou des politiques.

Ces transitions impactent de plus en plus notre quotidien et contribuent à une véritable transformation de nos sociétés. Elles sont, de fait, étroitement liées et doivent inévitablement converger.

En 2020, la présidente de la Commission européenne, le commissaire à la concurrence et celui en charge du Marché Intérieur ont présenté une feuille de route pour « façonner l’avenir numérique de l’Europe ». Il est précisé que « la transformation verte et la transformation numérique constituent deux défis indissociables. » Et que « les technologies numériques sont essentielles pour permettre à l’UE d’atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050 et de remplir ainsi l’objectif fixé dans le pacte vert pour l’Europe. »

Dans cette même allocution, il est demandé aux membres de l’Union Européenne de « tirer profit de l’intelligence artificielle, de la 5G, de l’informatique en nuage et du traitement des données à la périphérie, ainsi que de l’Internet des objets ». Ce afin que la data et l’IA puissent « améliorer les rendements, le transport, le stockage et la consommation ». Il s’agit d’abord de mesurer et de connaître pour mieux agir.

Le gouvernement français a également publié récemment une feuille de route « numérique et environnement ». 

Rendre le numérique plus responsable est une attente forte des Français, exprimée par la Convention citoyenne pour le climat, et installée depuis plusieurs années dans le débat public national. C’est un sujet complexe, car nécessitant de répondre à deux enjeux : maîtrise de l’empreinte environnementale du numérique et d’utiliser le numérique comme levier au service de la transition écologique. Fruit de plusieurs mois de concertation et d’élaboration, la feuille de route numérique et environnement souhaite faire converger les transitions numérique et écologique. Elle vise ainsi à améliorer la connaissance des différents impacts du numérique sur l’environnement, à maîtriser cet impact et à mettre son potentiel d’innovation au service de la transition écologique. SourceEcologie.gouv

Cette feuille de route s’articule autour de trois axes structurants :

  1. – Connaitre pour agir : Développer la connaissance de l’empreinte environnementale numérique.
  2. – Soutenir un numérique plus sobre : Réduire l’empreinte environnementale du numérique, liée à la fabrication des équipements et au développement des usages.
  3. – Innover : Faire du numérique un levier de la transition écologique.

– Enfin, la plateforme RSE, plateforme nationale d’actions globales pour la responsabilité sociétale des entreprises, confirme que « la transition numérique est l’une des grandes forces transformatrices de notre époque ». Elle affirme également qu’il est nécessaire « d’intégrer les enjeux sociaux et environnementaux à la RNE (Responsabilité Numérique des Entreprises). SourceEcologie.gouv

DES TECHNOLOGIES QUI PEUVENT CONTRIBUER À LA TRANSITION ENERGETIQUE

La 5G pour contribuer au développement durable

La 5G devrait fournir de nouvelles capacités de traitement des données. Smart City, Smart Building, etc… Les capacités de recueil de données au plus proche des réalités permettront certaines adaptations. Au niveau des moyens de transport, de l’optimisation de la gestion du trafic avec des systèmes intelligents, ou encore de limiter les embouteillages. La consommation énergétique des bâtiments sera optimisée grâce aux capteurs connectés et à l’analyse des données en temps réel.

Cela peut également permettre des prises de décision rapides : détection de fuites d’eau, surveillance de la qualité de l’air, alerte en cas de pics d’allergènes, etc. Et leur analyse, d’améliorer les prédictions et d’anticiper certaines situations.

L’ioT pour limiter les impacts négatifs de certains secteurs comme l’industrie

Le développement des capteurs connectés permettra notamment pour les entreprises du secteur de l’industrie de collecter des types et des volumes de données. Cela rendra possible l’adaptation et l’optimisation des chaînes de production. Par exemple, surveiller leurs consommations d’énergie ou encore améliorer leurs émissions ou rejets polluants.

L’IA pour accélérer la transition énergétique

Les algorithmes vont pouvoir démultiplier leur capacité de prédiction grâce à la diversification et l’augmentation des sources de données (web, réseaux sociaux, mobiles, réseaux d’électricité intelligents, etc…).

Ainsi, l’IA a vocation à contribuer à la diminution de l’empreinte carbone des entreprises en optimisant l’utilisation des ressources naturelles, en automatisant et rationalisant les consommations énergétiques des entreprises.

Prenons l’exemple du smart grid (réseaux énergétiques intelligents). Ils se composent de canaux de distribution de l’énergie couplés à de nouvelles technologies. Cela permet une gestion optimale permettant d’ajuster les flux d’électricité en phase avec les besoins et les habitudes des consommateurs pour une gestion plus efficace.

Autre exemple d’application, dans l’univers de la logistique, où les algorithmes peuvent permettre d’optimiser les itinéraires des chauffeurs en adaptant les parcours à la journée selon les recommandations, et ainsi diminuer l’empreinte carbone.

LA DATA FAIT AUSSI SA REVOLUTION

Bien évidemment, la data est loin d’être un actif neutre, ce secteur doit évoluer pour limiter au maximum son empreinte.

Il est courant d’entendre : « Si Internet était un pays, il serait le troisième consommateur d’électricité, derrière la Chine et les États-Unis ».

Les Data Centers jouent un rôle de premier plan dans l’impact négatif du numérique. Leur empreinte carbone constitue 2% des émissions de gaz à effet de serre qui pourrait avoisiner les 7% en 2040 selon une récente mission d’information sur l’empreinte environnementale du numérique du Sénat.

La consommation énergétique est le premier poste de dépense, notamment pour des problématiques de refroidissement. En incluant les enjeux environnementaux dans leur stratégie, les data centers peuvent se positionner comme acteurs du changement.

La maîtrise de la consommation d’énergie implique de mener des actions sur les matériels et processus. Un rôle également sur la diversification des sources de production électriques en intégrant les énergies renouvelables.

Les principaux opérateurs européens et associations professionnelles se sont engagés auprès des autorités en signant le « Climate Neutral Data Center Pact ». Cette charte, lancée en janvier 2021, a pour objectif de rendre les data center « climatiquement neutre » d’ici à 2030. Cela se base sur 5 engagements : réduction des PUE (Power Usage Effectiveness), utilisation de 100% de l’énergie décarbonée, économies d’eau, réparation et réutilisation des serveurs et de la chaleur dégagée.

En France, l’association France Datacenter regroupe les acteurs de cet écosystème qui ont adopté ce code de conduite européenne pour l’efficience énergétique des data centers

On constate aujourd’hui que la plupart des infrastructures ont été modernisées. Les consommations ont été optimisées avec une meilleure gestion du refroidissement et une installation de matériel d’avantage sophistiqué et moins énergivore. La consommation d’énergie étant le premier poste de dépense d’un data center (49% des charges, suivi par les coûts de construction, maintenance et sureté) selon l’ATEE, l’Association technique énergie environnement.

« Entre 2010 et 2018, quand la consommation d’un serveur de calcul a été divisée par quatre, celle d’un serveur de stockage l’a été par neuf. Au global, le volume de calcul a plus que quintuplé dans la période, et la quantité d’énergie électrique consommée n’a finalement augmenté que de 6 %. » Source : The Agility Effect 

Pour illustrer cette dynamique, Equinix, qui équipe les leaders mondiaux de data centers et de services d’hébergement d’infrastructures communique sur « une consommation mondiale couverte à 90 % par une énergie sans impact carbone ». Cela prend en compte la production d’énergie renouvelable en Californie et des certificats d’énergie verte.

Orange, autre exemple, a pour objectif de passer de 17 data centers actuellement à 10, leur cible finale étant 3 en 2030 (3 data centers « nouvelles générations » ). Les 2 premiers, livrés en juin dernier, fonctionnent plus de 10 mois par an sans recours à la climatisation grâce au « free cooling ». Pour arriver à ces résultats, la conception des bâtiments permet un refroidissement naturel des équipements informatiques, réduisant leur impact énergétique de 30% par rapport aux précédents data centers. De même, de nouvelles technologies doivent permettre de diminuer la quantité d’énergie nécessaire pour transporter 1 Giga de data.

À un niveau plus local, le data center de la banque Natixis à Marne-la-Vallée alimente en eau à 55°C le réseau de chauffage urbain d’une zone en cours d’urbanisation et le centre nautique intercommunal du Val d’Europe.

CONCLUSION :

La transformation verte et la transformation numérique constituent définitivement deux défis indissociables.

La prochaine étape va consister à s’assurer d’une utilisation responsable et raisonnée des données dans le temps. Le tout en respectant les principes de protection et de sécurisation qui contribueront au succès de l’utilisation de la data et de l’IA dans le développement durable.

                                                                                           Guilaume Pinaud, directeur de la BL Data & IA.

En réagissant à cet article, vous nous permettez d'affiner les contenus que nous publions ici !

  • Awesome (0)
  • Interesting (0)
  • Useful (0)
  • Boring (0)
  • Sucks (0)

Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à le partager via